Écoquartier Augustenborg
Gestion écoresponsable de l'eau de pluie
Constats des eaux en Suède
« Selon David Nilsson, directeur du WaterCentre de KTH, l'eau est devenue un sujet « chaud » en Suède et identifiée parmi les principaux défis sociétaux du gouvernement. Le recul des niveaux des eaux souterraines, l'augmentation des risques d'inondation et les proliférations d'algues répétées dans la mer Baltique, rappellent aux Suédois « la vulnérabilité de cette ressource précieuse et rare » [...]. La Suède possède en effet des ressources en eau très importante. Pourtant, l'accès illimité à une eau propre et de qualité ne peut être considéré comme acquis. On estime ainsi que la moitié des lacs et cours d'eau du pays ne satisfont pas aux exigences de bonne qualité de l’eau. […] Par ailleurs, la plupart des ressources en eau potable du pays ont encore une protection insuffisante. Les changements climatiques devraient entraîner des précipitations plus intenses, un risque accru d'inondation et de contamination des sources d'eau brute. Dans le sud de la Suède et Gotland, les pénuries d’eau (vattenbrist) menacent. »
Étude de l’eau en Suède, Nicolas Taupin, Institut Français
Histoire des systèmes de gestion des eaux pluviales
Les plus anciennes preuves de l’évacuation des eaux pluviales et usées urbaines remontent aux débuts de l’urbanisme dans l’antiquité à 3500 ans avant J.-C. Des traces de réseaux d’assainissement, composés de rigoles, canaux, conduites au sol ou enterrées, agencés selon un schéma d’ensemble cohérent et coordonné ont été découvertes par les archéologues. Ils ne seront plus utilisés au Moyen-Âge. (Bertrand-Krajewski, 2017)
Au début du XIXe siècle, les conditions de vie dans les villes sont devenues misérables et insalubres ce qui a pour conséquence le développement d’épidémies et de maladies infectieuses. On croit que les odeurs pestilentielles et le « mauvais air » sont la cause de la propagation de ces infections. Les réflexions des hygiénistes sont fondées sur des considérations médicales relatives à la santé des populations des villes. Dans les années 1840, Edwin Chadwick, pionnier du mouvement hygiénistes, imagine un réseau d'assainissement autocurant constitué de conduits en poterie de faible section qui utiliserait l'eau consommée dans chaque maison comme moyen d'évacuer les matières fécales. La première ville à avoir construit un réseau d’assainissement selon son principe est la ville d’Hambourg en Allemagne. Durant les décennies qui suivent, toutes les villes de l’Europe et d’Amérique du Nord s’équipent d’un réseau d’assainissement moderne suivant ce modèle avec son système sous-terrain de tuyaux destinés à l’évacuation et au transport des eaux usées. L’objectif principal est de se débarrasser le plus vite possible des eaux stagnantes considérées comme la source de tous les problèmes sanitaires. (Bertrand-Krajewski, 2017)
Au début du XXe siècle, on remarque que les eaux collectées rejetées sans traitement dans les milieux aquatiques les dégradent à cause des polluants qu’on y trouve. On développe alors des stations d’épuration pour eaux usées seulement. L’évacuation des eaux de pluie a longtemps fait partie du domaine de l’hydrologie et de l’hydraulique, toujours dans l’optique de conserver une ville sèche, propre, hygiénique, praticable et circulable même par temps de pluie. À travers les années, elle a suivi la croissance des villes et l’étalement urbain en se connectant aux anciens conduits et en surdimensionnant toujours les conduits sans vraiment chercher à trouver de solutions alternatives. (Bertrand-Krajewski, 2017)
Dès la fin des années 60, plusieurs nouvelles approches sont proposées pour tenter de repenser la façon de traiter les eaux de pluie urbaines avec des concepts et terminologies différents : BMP (Best Management Practices) et LID (Low Impact Developement) aux États-Unis et Nouvelle-Zélande, etc. Au lieu d’évacuer l’eau de pluie le plus rapidement possible comme il a toujours été fait jusqu’à maintenant, il s’agit au contraire de la stocker puis de l’évacuer à faible débit afin d’éviter de surcharger les réseaux existants ou d’infiltrer localement les eaux de ruissellement les moins polluées avec une panoplie de techniques développée : bassin de stockage, bassin de retenue infiltration, noues chaussées poreuses, toits stockants et autres. (Bertrand-Krajewski, 2017)
De nos jours, l’eau de pluie en ville n’est plus considérée comme une nuisance, mais comme une ressource essentielle qu’il faut gérer intelligemment en lien avec les questions de durabilité, du changement climatique et du mieux vivre urbain. D’ici quelques années, l’intégration d’interdisciplinarité entre les différents domaines de l’hydrologie, de l’urbanisme, de l’architecture, du social et du culturel devrait devenir essentielle dans la gestion des eaux urbaines. (Bertrand-Krajewski, 2017)
Bassins de rétention à Augustenborg - © Town and Country Planning Association (TCPA)